Les conflits de vérités à l’école – Revue internationale d’éducation sèvres 77
Déni de faits attestés et vérifiables, refus de théories (en particulier de l’évolution), adhésions à des discours extrêmes ou à des contre-vérités manifestes, mise en cause de théories scientifiques avérées… Voilà ce que peuvent rencontrer aujourd’hui les enseignants dans leurs classes et l’on s’inquiète, à raison, de l’extension du négationnisme, de la propagation des fausses nouvelles, des ravages du complotisme, particulièrement auprès des jeunes.
Afin de penser posément ce sujet « brûlant », ce dossier propose d’examiner dix contextes très différents : la Belgique, le Chili, les États-Unis, la France, la Hongrie, l’Irlande du Nord, les Pays-Bas, le Sénégal, Singapour et la Turquie.
En cours de biologie, d’histoire, d’éducation morale ou civique, de philosophie, que vivent et font les enseignants de ces pays, aux prises avec des discours et des propos ou attitudes d’élèves qui entrent en conflit les uns avec les autres et avec ce qu’ils sont censés transmettre ?
On est frappé, à la lecture des articles, par la multiplicité des « conflits de vérité », par l’acuité des préoccupations.
Les auteurs, de plusieurs disciplines, mettent en évidence les problèmes épistémologiques, politiques et éthiques contemporains soulevés par cette question. Ils en proposent des élucidations, analysent des situations de classe, et suggèrent des orientations pédagogiques. Apprendre aux élèves à exercer leur raison ne va pas sans attention portée à la dimension émotionnelle des sujets abordés, à leur histoire, aux conditions politiques et éthiques de la pensée critique.
Ce dossier pourrait être alarmant. Il n’est pas alarmiste. Il manifeste la mobilisation des chercheurs, montre l’ingéniosité des enseignants, l’implication de leurs formateurs, l’intelligence des élèves. Il souligne aussi combien l’éducation, la pensée critique, la parole créatrice, dans cette dangereuse passe, sont l’affaire de tous.